Dans le cadre de mise en œuvre de sa composante 4 relative à l’amélioration économique et sociale des femmes et des jeunes, le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel-Phase II au Sénégal (PRAPS-2-SN), en collaboration avec la Mairie de Dahra, l’Agence Nationale de l’Etat civil et le Tribunal d’instance de Linguère, a organisé, ce mardi 24 septembre 2024, une audience foraine pour l’enrôlement de 1 000 bénéficiaires issues des ménages des pasteurs et agropasteurs dans les registres d’état civil. De bonne heure, des centaines de personnes, venues des quatre coins de la commune de Dahra ont pris d’assaut la mairie, pour obtenir un acte de naissance. Soit pour elles-mêmes, soit pour leurs progénitures. Organisée pour rapprocher les services de l’état civil aux populations vulnérables, cette audience foraine a permis à beaucoup d’éleveurs du système d’élevage n’ayant pas accès aux services d’état civil, notamment en raison de leur mode de vie caractérisé par la mobilité, d’acquérir ce précieux document officiel. A Dahra, l’absence d’actes de naissance prive des milliers de personnes de plusieurs droits fondamentaux tels que l’accès à l’éducation, aux soins, aux programmes d’aide gouvernementale, etc.

Saluant l’appui du PRAPS2 SN, le deuxième Adjoint au maire, Saliou Guèye décrit la situation de sa commune marquée par un faible taux de déclarations à la naissance. « La commune de Dahra fait partie de la zone sylvopastorale où la population est majoritairement composée d’éleveurs qui s’adonnent à la transhumance. En raison de cette mobilité, la plupart des transhumants qui donnent naissance parfois loin de leur territoire d’attache n’ont pas l’opportunité de les déclarer dans les délais. Ici, beaucoup d’enfants ont des difficultés d’accès à l’éducation, faute d’acte de naissance. C’est pourquoi, nous avons fait appel au PRAPS2, en vue d’un appui pour faciliter l’accès des éleveurs à l’extrait de naissance », indique l’Adjoint au maire.

L’objectif du PRAPS2 SN à travers cette activité est d’améliorer l’accès des pasteurs  aux registres d’état civil, pour leur permettre d’exercer leur droit d’accès aux ressources foncières et pastorales. Cette initiative permettra aussi aux populations d’accéder aux programmes et autres avantages liés au Projet tels que la formation professionnelle et technique et les activités génératrices de revenus. « Le document du projet dans sa composante 4 consacrée à l’inclusion économique et sociale des jeunes et des femmes s’occupe de l’accès des éleveurs à l’état civil. L’objectif étant d’aider les familles d’éleveurs pasteurs, qui n’ont pas pu faire la déclaration à la naissance à temps, d’avoir accès à l’enregistrement à l’état civil pour leur inclusion sociale et économique dans la société. Comme vous le savez, sans pièce d’état civil, il est impossible d’accéder à certains services. C’est pourquoi dans le cadre du projet, il a été retenu d’aider 5 000 personnes à acquérir cette pièce. La demande est tellement forte qu’au bout de deux ans, l’objectif a été atteint. Actuellement, 7 028 personnes ont obtenu leur pièce d’état civil grâce à l’appui du projet. Donc bien au-delà de l’objectif initial du Projet. », a tenu à préciser Dr Mamadou Ousseynou Sakho, Coordonnateur du PRAPS2 SN. Selon lui, il sera utile, par conséquent de revoir cet objectif à la hausse dans le cadre de la revue à mi-parcours prévue en 2025, afin de prendre en charge de manière satisfaisante les besoins des populations. Il a aussi précisé que pour l’organisation de ces audiences foraines, le projet prend en charge l’ensemble des dépenses inhérentes aux droits à payer au niveau du tribunal, du trésor public et à la maire pour la transcription des pasteurs dans les registres d’état civil et à la délivrance de l’acte de naissance.

Boubacar BA, éleveur de 45 ans fait partie de ces heureux bénéficiaires. « Je suis né ici, dans ce village, et j’ai grandi sans jamais avoir d’acte de naissance. Cela n’a jamais été un problème pour moi quand j’étais plus jeune, mais maintenant, je réalise que c’est important, surtout pour mes enfants. Ils ne peuvent ni aller à l’école ni bénéficier de certains services de l’Etat. Aujourd’hui, grâce à cette audience, j’ai pu inscrire mes enfants et leur donner une chance de mieux réussir dans la vie », soutient-il.  Dans la même veine, Aïssata KA, mère de deux enfants exprime toute sa satisfaction. « Je n’avais jamais pensé qu’il serait possible pour nous d’obtenir des actes de naissance pour nos enfants aussi facilement. Cela coûte trop cher de voyager, et nous devons rester dans les zones de pâturage pour nous occuper du bétail. L’audience foraine a changé cela. Maintenant, mes enfants ont été enregistrés, et je suis vraiment reconnaissante envers le PRAPS », témoigne-t-elle.

Ces deux parents font partie des milliers d’éleveurs ayant accès à l’état civil grâce au PRAPS2 SN. Avant Dahra, le PRAPS2 SN avait organisé 4 audiences foraines dans les communes de Kouthiaba, de Bokidiawé, de Ogo et de Gamadji Sarré permettant l’inscription dans les registres d’état civil de 7028 personnes issues des ménages de pasteurs et d’agropasteurs. Une activité qui va se poursuivre dans d’autres communes durant tout le cycle du projet. Bientôt, les antennes de Kanel et de Koumpentoum vont organiser, en collaboration avec des communes de leurs zones d’intervention respectives, des audiences foraines. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette sous-composante, à savoir, l’amélioration de l’accès au registre d’état civil, le PRAPS2 SN privilégie une approche holistique incluant la sensibilisation à la déclaration des naissances, la redynamisation des centres secondaires d’état civil et l’organisation d’audiences foraines. C’est ainsi que depuis deux ans, le PRAPS2-SN participe à la prise en charge des frais de la semaine nationale de l’Etat civil, ainsi qu’à l’animation. Concernant la redynamisation des centres, en relation avec l’Agence nationale d’état civil, une mission a été organisée pour recenser les besoins pertinents desdits centres en vue d’un appui du projet.