Reportage UP Boussoura et marché à bétail de Missira Wadène
Le PRAPS, dans sa première phase, a participé à une transformation qualitative du secteur de l’élevage par la mise en place d’infrastructures et d’équipements, mais aussi de services de base conviviaux qui ont permis à la communauté pastorale d’être mieux outillée pour une résilience de plus en plus accrue face aux mutations et chocs climatiques et aux catastrophes naturelles. L’unité pastorale de Boussoura Ndawène et le marché de Missira Wadène réalisés entre 2015 et 2021 et que nous venons de visiter du 22 à 26 juillet 2024 en constituent une parfaite illustration. Les témoignages des bénéficiaires mettent en lumière l’importance des infrastructures pastorales.
En ce début d’hivernage, accéder à Boussoura ndawene situé au cœur du Ndoucoumane n’est pas chose facile. En quittant la nationale numéro 1 à hauteur du village de Mbaye-Mbaye, à quelques lieues de Kounghueul, la voiture n’en finit pas de serpenter sur un ruban latéritique long d’environ 55 km. Il faudra une heure, après avoir crapahuté sur une piste ocre pour arriver à destination. Boussoura est à l’image de la plupart des villages du Sénégal. Il est organisé en concessions faites de cases aux toits de chaume.
Aux premières lueurs du jour, les habitants s’affairent autour d’une bâtisse qui se dresse sur la place du village. Peint aux couleurs marron et beige, le bâtiment abrite la boutique pastorale et le magasin de stockage d’aliment pour bétail. Il est construit par le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS) dans sa première phase. Avec le forage et le parc à vaccination, ils constituent les infrastructures l’Unité pastorale. Organisation communautaire de base regroupant un ensemble de villages polarisés dans un rayon de 10 à 20 km autour d’un forage pastoral, l’UP est un outil de gestion durable de l’espace pastoral par les populations elles-mêmes sur la base d’un plan de gestion et des règles qui tiennent compte du contexte lié au développement des activités de productions agricoles et d’élevage. L’UP de Bousssoura offre ses services à vingt-sept localités. Ce terroir, comme beaucoup d’autres dans cette région, repose largement sur l’élevage pastoral comme principale source de revenus. Avant l’intervention du PRAPS, Boussoura manquait d’infrastructures adaptées pour le bien-être des habitants et le développement de l’élevage local. « Avant, nous devions marcher des kilomètres pour trouver de l’eau pour nos animaux. Maintenant, avec le forage construit par le PRAPS, c’est beaucoup plus facile. Les femmes sont épargnées de la pénible corvée au niveau des puits et nos bêtes sont en meilleure santé », se réjouit Gora Ka, éleveur.
A côté du forage, le PRAPS a construit un parc à vaccination qui est le premier de la zone. « Auparavant pour vacciner les animaux, nous les attachions à des arbres. Ce qui causait de nombreux accidents. Mais grâce à la construction du parc, la vaccination se fait de manière plus sécurisée et les maladies comme le botulisme, la peste des petits ruminants, la maladie de Newcastle, le charbon symptomatique et la pasteurellose qui affectaient le cheptel ont sensiblement reculé », explique Sakhéwar Diouf, Chef de poste vétérinaire de Payar. Le même constat est dressé par Boy Kâ, éleveur et responsable du parc à vaccination. « Grâce au parc à vaccination et l’accès à l’eau potable, la santé des animaux s’est considérablement améliorée, réduisant ainsi les pertes dues aux maladies », soutient-il.
La boutique pastorale rend disponibles des denrées alimentaires au profit de ces populations confinées dans une zone difficile d’accès. « Avant l’ouverture de la boutique pastorale, il était très difficile pour nous de trouver certains produits alimentaires et cosmétiques de qualité. Nous devions voyager loin, parfois même jusqu’à la ville la plus proche, ce qui prenait du temps et coûtait cher. Depuis que la boutique pastorale a ouvert ses portes dans notre village, tout a changé », indique Maïmouna Diouf, gérante de la boutique. A la suite de l’installation de la boutique, le Projet a remis un appui d’un million de francs au comité de gestion pour le démarrage des activités. Depuis, le commerce est florissant et les comptes bien tenus.
Quant à la mise en place d’un magasin de stockage d’aliments pour bétail d’une capacité de 50 tonnes, l’objectif est de réduire les coûts de la complémentation alimentaire pour le bétail et d’assurer la disponibilité de la nourriture pendant la période de soudure. « Nous avons maintenant accès à un aliment pour bétail de meilleure qualité et à un prix abordable. Cela nous a permis de mieux nourrir nos bêtes et de les garder en meilleure santé. Nous exhortons le projet à augmenter la quantité de l’aliment pour bétail surtout entre mai et juillet, période durant laquelle le déficit fourrager est prononcé », soutient Babacar Ndao.
Le Marché à bétail
La construction du marché à bétail moderne à Missirah wadène par le Projet a été une initiative majeure pour le commerce des animaux et des produits d’élevage. Comme en témoigne la forte affluence dans cet endroit. Malgré les travaux champêtres, malgré les routes impraticables durant cette période d’hivernage, la fréquentation au marché reste importante. « Le 11 juillet 2024, 5169 ovins, 212 bovins et 105 équins sont enregistrés dans le marché », informe Ismaela Thiaw, chef d’antenne du PRAPS2-SN à Koungheul. Le jeudi, jour de marché hebdomadaire se retrouvent à Missirah éleveurs, marchands de bestiaux, acheteurs de plusieurs localités et de nationalités différentes. Marché international, Missirah accueille des éleveurs venant de la Gambie, du Mali, de la Mauritanie, du Burkina Faso et même parfois du Tchad. « Equipé d’aires de repos, de quais d’embarquement et de débarquement et d’un point d’eau, le marché favorise un commerce plus structuré et profitable pour les éleveurs », souligne Samba Sow, Président du comité de gestion du Marché à bétail.
Les infrastructures pastorales réalisées par le PRAPS dans cette contrée illustrent l’importance des investissements publics dans le développement des communautés pastorales. Ces infrastructures ont indéniablement amélioré les conditions de vie des éleveurs, mais ont aussi contribué à la croissance économique locale. Ces réalisations du PRAPS sont des exemples inspirants de ce que l’on peut accomplir avec des actions coordonnées pour un soutien adéquat aux communautés pastorales. Grâce à des initiatives comme celles-ci, les éleveurs peuvent espérer un avenir plus prospère et stable.