Pour répondre aux défis du pastoralisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel, le Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS) met un point d’honneur à former des cadres compétents. Grâce à son soutien, un Master en pastoralisme a été créé au Centre Régional AGRHYMET (CRA), une institution clé du Comité permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS). De plus, le PRAPS appuie les formations de docteurs vétérinaires et de spécialistes en santé animale à l’École Inter-États des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) de Dakar, fournissant ainsi à la région un vivier d’experts qualifiés pour dynamiser les systèmes pastoraux et la santé animale.

Boursière du PRAPS Sénégal, Mme Amy Bâ a rejoint la deuxième promotion du Master en pastoralisme en 2018, après une formation en entomologie agricole. « J’ai acquis de nombreuses compétences, notamment en suivi-évaluation, développement durable, utilisation des outils de collecte de données sur le pastoralisme, accompagnement des éleveurs, changement climatique et méthodes d’atténuation et d’adaptation », explique Amy Bâ. À l’issue de cette formation, elle a été embauchée par le PRAPS Sénégal. En tant qu’animatrice, elle a contribué à la vitalité des unités pastorales de Boussoura Ndawène et de Médina Salam. Fortement outillée, elle a poursuivi sa progression professionnelle en intégrant une ONG où elle valorise encore plus son expertise.

Dr Alfred Diouf est l’un des six vétérinaires sénégalais à avoir obtenu une bourse pour se spécialiser en épidémiologie des maladies transmissibles et en gestion des risques sanitaires. Avant cette formation, M. Diouf, doté d’un riche parcours académique couronné par un Diplôme d’études approfondies (DEA) en biologie animale et d’un doctorat d’État en médecine vétérinaire, occupait le poste de Directeur régional des Services d’élevage de Matam. « Dans l’exercice de mon métier, je ressentais le besoin d’approfondir mes connaissances, notamment en épidémiologie animale. C’est pourquoi j’ai postulé à la bourse du PRAPS pour une formation en épidémiologie des maladies animales et en gestion des risques et crises sanitaires », confie Dr Diouf.

Fort de cette spécialisation, Dr Alfred Diouf devient chef d’antenne de Kanel pour le PRAPS-2 Sénégal, puis se fait une place dans le monde de la recherche. « Après la formation, j’ai intégré le cercle restreint des épidémiologistes du Sénégal, reconnu à l’international. Aujourd’hui, cette formation m’a ouvert des portes dans le domaine de la recherche en épidémiologie », se félicite-t-il.

« La bourse du PRAPS pour le Master en pastoralisme m’a permis d’améliorer mes compétences, d’enrichir mes connaissances dans le domaine et d’apporter mon expertise au Conseil régional des unions du Sahel (CRUS). Cette opportunité a surtout accru mes chances de poursuivre une thèse de doctorat », se réjouit Mme Wendemi Madinatou Sawadogo, ancienne boursière du PRAPS Burkina Faso, entre 2022 et 2023.  Aujourd’hui doctorante, elle consacre ses recherches à « la Gouvernance et aux dynamiques spatio-temporelles des ressources pastorales au Sahel ». Son objectif : renforcer sa capacité à proposer des solutions aux grands défis du pastoralisme.

Cette ambition s’aligne parfaitement avec l’objectif du Master en pastoralisme qui vise à mettre à la disposition des institutions nationales publiques et professionnelles des cadres possédant les connaissances les plus récentes sur les systèmes pastoraux, capables de comprendre toute la complexité du pastoralisme et de relever les nouveaux défis. La mise en place de cette formation a suivi une démarche collaborative, impliquant des services techniques, des universitaires spécialisés dans des formations similaires, ainsi que des organisations de la société civile actives dans le domaine du pastoralisme. En outre, l’extension de cette formation aux pays côtiers, initialement destinée aux pays sahéliens, représente un acquis majeur.

Entre 2017 et 2024, 159 jeunes de la région ont obtenu leur Master en pastoralisme, grâce essentiellement au soutien du PRAPS et d’autres acteurs tels que le Projet de développement des exploitations pastorales (PDPS) et le Projet Régional de Dialogue et d’Investissement pour le Pastoralisme et la Transhumance au Sahel et dans les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest (PREDIP). Le taux d’insertion professionnelle est très satisfaisant, 90 % des diplômés ayant trouvé un emploi dont 51 % dans les ministères principalement en charge de l’élevage et 22 % au sein des projets, des ONG et du Système des Nations Unies. La reconnaissance du diplôme par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) a ouvert à sept impétrants la voie au doctorat en pastoralisme.

Par ailleurs, pour améliorer les performances de services vétérinaires nationaux dans le contrôle et l’éradication de la peste des petits ruminants ainsi que dans le contrôle de la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), deux principales maladies transfrontalières, le PRAPS soutient, en collaboration avec l’École Inter-États des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) de Dakar et d’autres partenaires, des formations diplômantes. Entre 2015 et 2021, 47 docteurs vétérinaires ont été formés et 10 cadres ont obtenu un master en santé animale. Actuellement, 9 étudiants suivent une formation doctorale en médecine vétérinaire, 11 sont inscrits en master et 241 cadres ont bénéficié de formation sur les techniques de haut niveau sur le diagnostic de la PPR et de la PPCB, le séromonitoring, le contrôle de qualité des vaccins, l’inspection et le contrôle des médicaments vétérinaires, l’antibiorésistance. De plus, 376 agents des Services vétérinaires dont 21% de femmes ont reçu des formations continues dans le domaine de la santé animale. Le manuel à l’usage du personnel de santé animale, conçu avec l’appui du PRAPS, constitue un outil précieux dans l’administration de ces formations. 

Baye Makébé Sarr (PRAPS-2 Sénégal)

Roger Sankara (PRAPS-2/CILSS)